Correspondence #710
AU DIRECTOIRE EXÉCUTIF.
Quartier général, Bologne, 14 messidor an IV (2 juillet 1796)
Il est parti hier quatre-vingts voitures de chanvre et de soie, qui seront transportées à Nice, où le chanvre sera à la disposition du ministre de la înarîne. Vous ordonnerez ce que vous voulez que l'on fasse des soies.
Je fais réunir à Tortone toute l'argenterie et les bijoux, que je vous enverrai à Paris par Charnbéry; j'espère que ce convoi vaudra à lui seul cinq à six millions de livres; j'y joindrai autant d'argent monnayé. Je ferai suivre successivement tout ce que l'on pourra rassembler.
Indépendamment des chanvres qui sont partis, il en partira encore pour un million, que j'ai requis sur les deux millions de Bologne et sur les trois millions de Ferrare.
Sur les 5,500,000 livres que nous doit donner le Pape, je laisse quatre millions au ministre de la marine. Qu'il envoie des commissaires, avec des instructions, faire ses demandes à la cour de Rome; ils pourront passer au quartier général, où je leur donnerai les pouvoirs necessaires.
Les commissaires artistes que vous avez envoyés se conduisent très-bien et sont assidus à leur besogne. Ils ont pris:
15 tableaux à Parme, 20 . . . . . . à Modène, 25 . . . . . . à Milan, 40 . . . . . . à Bologne, 10 . . . . . . à Ferrare. TOTAL . . . 110 Ces savants ont fait en outre une récolte abondante à Pavie. Nous sommes très-embarrassés pour ce que doit nous fournir Rome. Les statues ne peuvent être transportées que par mer, et il serait imprudent de s'y fier; il faudra donc les emballer et les laisser à Rome: ce parti même n'est pas sans inconvénients; il serait bon que vous me donnassiez des ordres là-dessus.
Le traité d'armistice porte "que nous continuerons à percevoir des contributions dans la Légation de Faenza"; mais il n'y a pas de légation de Faenza, mais bien une légation de Ravenne, dont Faenza est la prin-cipale ville. M. d'Azara conclut de là que nous ne devons lever des con-tributions que dans la ville de Faenza. Il est clair que c'est une chicane déplacée; cependant, comme pour lever des contributions cela moblige è tenir detîx bataillons qu'il me tarde de réunir à l'armée, où l'orage commence a se former, j'ai passé une convention avec M. d'Azara, dont je vous envoie copie', et par laquelle il s'en rapporte à votre décision, qui ne peut pas être douteuse, puisque le terme de Légation est joint au mot de Faenza. Dès l'instant que vous m'aurez envoyé votre décision par une lettre officielle, le Pape devra, au lieu de 21,500,000 livres, 23,900,000 livres.
BONAPARTE