Correspondence #559
AU DIRECTOIRE EXÉCUTIF.
Quartier général, Vérone, 15 prairial an IV (3 juin 1796)
J'arrive dans cette ville, Citoyens Directeurs, pour en partir demain matin. Elle est très-grande et très-belle. J'y laisse une bonne garnison pour me tenir maître des trois ponts qui sont ici sur l'Adige.
Je n'ai pas caché aux habitants que, si le roi de France n'eût évacué leur ville avant mon passage du Pô, j'aurais mis le feu à une ville assez audacieuse pour se croire la capitale de l'empire français.
Je viens de voir l'amphithéâtre; ce reste du peuple romain est digne de lui. Je n'ai pu m'empécher d'étre humilié de la mesquinerie de notre Champ-de-Mars. Ici cent mille spectateurs sont assis, et entendraient fa-cilement l'orateur qui leur parlerait.
Les émigrés fuient de l'Italie; plus de quinze cents sont partis avant notre arrivée. Ils courent en Allemagne porter leurs remords et leur mîsere.
BONAPARTE