Correspondence #2570
AUX SOLDATS DE TERRE ET DE MER DE L'ARMÉE DE LA MÉDITERRANÉE
Quartier général, Toulon, 21 floréal an VI (10 mai 1798)
Soldats!
Vous êtes une des ailes de l'armée d'Angleterre. Vous avez fait la guerre de montagnes, de plaines, de siéges il vous reste à faire la guerre maritime.
Les légions romaines, que vous avez quelquefois imitées, ruais pas encore égalées, combattaient Carthage tour à tour sur cette même mer et aux plaines de Zama. La victoire ne les abandonna jamais, parce que constamment elles furent braves, patientes à supporter les fatigues, dis-ciplinées et unies entre elles.
Soldats, l'Europe a les yeux sur vous.
Vous avez de grandes destinées à remplir, des batailles à livrer, des dangers, des fatigues à vaincre. Vous ferez plus que vous n'avez fait pour la prospérité de la patrie, le bonheur des hommes et votre propre gloire. Soldats-matelots, fantassins, canonniers ou cavaliers, soyez unis; sou-venez-vous que, le jour d'une bataille, vous avez besoin les uns des autres.
Soldats-matelots, vous avez été jusqu'ici négligés. Aujourd'hui la plus grande sollicitude de la République est pour vous. Vous serez dignes de l'armée dont vous faites partie.
Le génie de la liberté, qui a rendu la République, dès sa naissance, l'arbitre de l'Europe, veut qu'elle le soit des mers et des contrées les plus lointaines.
BONAPARTE