Correspondence #2168
AU CITOYEN FAIPOULT
Quartier général, Passariano, 23 fructidor an V (9 septembre 1797)
J'ai été très-étonné, Citoyen Ministre, d'apprendre le soulèvement des paysans de la montagne. J'ai bien reconnu là le caractère italien, dont il faut toujours se méfier. Le Gouvernement provisoire est un peu jeune, il est trop confiant.
J'ai envoyé hier les ordres pour que le général Lannes, avec une colonne mobile, se rendît à Tortone, où il sera à votre disposition; j'ai envoyé également le général Casabianca avec des sous-officiers d'artillerie et ce que demandait le général de Génes.
Qu'on punisse sévèrement les auteurs de cette insurrection, sans quoi on recommencera toujours; et vous sentez combien, surtout pour une ville de commerce, cela fait mauvais effet.
Au reste, j'espère qu'au moyen des précautions qu'on prendra et de l'esprit de défiance qu'on montrera, de pareils événements ne se renouvelleront plus.
Rien de nouveau ici.
Je vous salue.
BONAPARTE
P. S. Je crois qu'il serait utile à la chose publique que de temps en temps Poussielgue, qui écrit facilement et très-sagement, fît quelques numéros sur les affaires d'Italie et surtout de France, qui, vues de l'éloi-gnement où nous nous trouvons, acquièrent une justesse et une origina-lité qui frappent beaucoup plus que lorsqu'on écrit sous la pression de l'instant. Ce n'est que parce que les patriotes et les gens sages n'écrivent jamais, que l'on livre l'opinion à un tas, de misérables stipendiés qui la pervertissent et tuent l'esprit public.
Si Poussielgue se sentait le courage d'entreprendre ce travail , je m'abonnerais pour un grand nombre d'exemplaires. Le journal que rédige à Milan Regnaud, de Saint-Jean-d'Angely, La France vue de l'armée d'Italie, fait le plus grand effet à Paris.