Correspondence #1432
AU DIRECTOIRE EXÉCUTIF
Quartier général, Bologne, 13 pluviôse an V (1er février 1797)
Je vous ai rendu compte, Citoyens Directeurs, par mon dernier cour-rier, des combats de Carpane et d'Avio. Les ennemis se retirèrent sur Mon et Torbole, appuyant leur droite au lac et la gauche à l'Adige. Le général Murat s'embarqua avec 1,200 hommes et vint débarquer à Torbole. Le général de brigade Vial, à la téte de l'infanterie légère, après avoir fait une marche très-longue dans les neiges et dans les mon-tagnes les plus escarpées, tourna la position des ennemis, et obligea un corps de 450 hommes et 12 officiers à se rendre prisonniers. On ne sau-rait donner trop d'éloges aux 4e et 17e demi-brigades d'infanterie légère que conduisait ce brave général. Rien ne les arrêtait; la nature sem-blait étre d'accord avec nos ennemis, le temps était horrible; mais l'in-fanterie légère de l'armée d'Italie n'a pas encore rencontré d'obstacles qu'elle n'ait vaincus.
Le général Joubert entra à Roveredo. L'ennemi, qui avait retranché avec le plus grand soin la gorge de Caliano, célèbre par la victoire que nous y avons remportée lors de notre première entrée dans le Tyrol, parut vouloir lui disputer l'entrée de Trente. Le général Belliard chercha à tourner l'ennemi par la droite, dans le temps que le général de bri-gade Vial continua à marcher sur la rive droite de l'Adige, culbuta l'en-nemi, lui fit 300 prisonniers et arriva à Trente, où il trouva dans les hôpitaux de l'ennemi 2,000 malades ou blessés, qu'il a recommandés à notre humanité en fuyant. Nous y avons pris quelques magasins.
Dans le même temps, le général Masséna avait fait marcher deux demi-brigades pour attaquer l'ennemi, qui occupait le château de la Scala, entre Feltre et Primolano. L'ennemi a fui à son approche et s'est retiré au delà de la Piave, en laissant une partie de ses bagages.
Le général Augereau s'est approché de Trévise; le chef d'escadron Duvivier a culbuté la cavalerie ennemie, après lui avoir enlevé plusieurs postes.
Deux bataillons de la 13e demi-brigade viennent d'arriver; au lieu de 4,000 hommes, comme elle est annoncée, elle n'est que de 1,600 hommes voilà donc les secours de l'armée de l'Océan, annoncés 10,000 hommes, réduits à 3,400 hommes, savoir 1,600 de la 64e et 1,600 de la 13e. Je vous prie de faire rejoindre les escadrons et diffé-rents détachements qu'ont dans l'intérieur les 9e et 18e de dragons et le 5e de cavalerie. Je vous prie également de donner un ordre précis au général Willot de nous envoyer tous les détachements de cavalerie qui sont encore dans sa division, ce qui désorganise les corps, ainsi que dif-férents détachements appartenant aux demi-brigades de l'armée et qui sont éparpillés sur les côtes de cette division. Aujourd'hui qu'il n'y a plus d'ennemis sur mer, il pourrait nous envoyer quelques compagnies de canonniers dont cette côte était garnie.
BONAPARTE