Correspondence #1321
AU DIRECTOIRE EXÉCUTIF
Milan, 8 nivôse an V (28 décembre 1796)
Il y a dans ce moment-ci en Lombardie trois partis: 1) celui qui se laisse conduire par les Français; 2) celui qui 'voudrait la liberté et montre môme son désir avec quelque impatience; 3) le parti ami des Autrichiens et ennemi des Français. Je soutiens et j'encourage le premier, je con-tiens le second et je réprime le troisième.
Il est faux que j'aie augmenté la contribution de la Lombardie demit millions, et Laporte, qui vous a remis un mémoire basé sur ce fait, brait beaucoup mieux de payer les cinq millions que lui et ses associes doivent à la République et ont volés à l'armée, que de parler d'un pays où sa compagnie s'est fait universellement mépriser par les coquineries le toutes espèces qu'elle a commises.
Les républiques cispadanes sont divisées en trois partis 1) les amis le leur ancien gouvernement; 2) les partisans d'une constitution indé-pendante, mais un peu aristocratique; 3) les partisans de la constitution française ou de la pure démocratie. Je comprime le premier, je soutiens e second et je modère le troisième.
Je soutiens le second et je modère le troisième, parce que le parti des seconds est celui des riches propriétaires et des prêtres, qui, en dernière analyse, finiraient par gagner la masse du peuple qu'il est essentiel de rallier autour du parti français.
Le dernier parti est composé de jeunes gens, d'écrivains et d'hommes lui, comme en France et dans tous les pays, ne changent de gouvernement, n'aiment la liberté que pour faire une révolution.
Les Allemands et le Pape réunissent leur crédit pour insurger les Apennins; leurs efforts sont inutiles. Une partie de la Garfagnana s'était cependant révoltée, ainsi que la petite ville de Carrare; j'ai envoyé une petite colonne mobile pour mettre ces gens-là à la raison, et faire des exemples terribles qui apprennent à ces montagnards à ne pas jouer avec nous. La révolte des Apennins, si elle se faisait au moment ou nous aurions affaire à l'ennemi, nous donnerait beaucoup d'embarras; ces montagnes arrivant jusqu'à Tortone, les habitants pourraient gêner nos communications; aussi j'y ai perpétuellement les yeux.
Dans ce moment-ci, les républiques cispadanes sont reunies dans un ongrès qu'elles tiennent à Reggio.
BONAPARTE